Jardin des fleurs du bien...
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| Le séquoïa... | |
| | Auteur | Message |
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erikdejosselinière plume discrete
Nombre de messages : 18 Localisation : Autun Date d'inscription : 15/11/2006
| Sujet: Le séquoïa... Dim 19 Nov - 18:13 | |
| Le séquoïa est, comme tu le sais sans doute, ami(e) poète, un arbre immense, majestueux, presque éternel... certains de ceux qui vivent aujourd'hui étaient les contemporains des poètes scaldes d'Islande... d'autres auraient pu voir Villon, Ronsard, Du Bellay composer leurs odes... Les plus jeunes, géant déjà, on entendu les rimes d'Hugo, Beaudelaire, verlaine, Rimbaud... Et de bien d'autres encore! Ami(e) poète, fait nous part de tes découvertes, de tes passions, de tes envies... La lecture est un acte de partage et d'amour pour ce qui est beau, ce qui touche, ce qui vient du coeur! A vos claviers! Je me permets le premier... il est d'un de ces poètes trop méconnus mais dont la plume est un éternel ravissement, parce qu'au delà de son apparente simplicité, il y a une âme d'une infinie humanité : René-Guy CADOU : "L'AMOUR"La double pêche de tes seins Dans la coupe de la journée Voici que ton ventre se lève Entre les branches du figuier Que la chambre se met à battre Comme une tempe délicate Et qu'un versant du ciel inonde Etendue la plus belle au monde Sous ta douce main déroulée Pareille aux crosses de fougères Pénétrerai-je le mystère D'une chair à l'âme gagnée Comme une eau très fraiche qu'on tire Avec lenteur du fond du puits Tu te couvres d'une buée Qui dissimule ton sourire Mes doigts possèdent le secret De t'éveiller de t'épanouir De te perdre avant de dormir Comme un enfant dans la forêt.C'est tiré d'un livre intitulé "Hélène ou le règne végétal", qui est une des plus belle déclaration d'amour d'un poète, disparu trop tôt, à sa belle Hélène (toujours en vie, d'ailleurs, et qui écrit pour les enfants). A vous de poursuivre ![url] | |
| | | Friandise plume des plumes...
Nombre de messages : 425 Age : 40 Localisation : Bientot à Bourganeuf...!!! Je suis mon étoile nommée Enguerran... Date d'inscription : 15/11/2006
| Sujet: Re: Le séquoïa... Lun 20 Nov - 5:56 | |
| Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Octobre 1870.
Ce sonnet est inspiré par la guerre de 1870. Rimbaud dresse un tableau très coloré et vivant qui frappe l'imagination pour en faire ressortir toute l'horreur, sans jamais prononcer le mot "mort." | |
| | | Friandise plume des plumes...
Nombre de messages : 425 Age : 40 Localisation : Bientot à Bourganeuf...!!! Je suis mon étoile nommée Enguerran... Date d'inscription : 15/11/2006
| Sujet: Re: Le séquoïa... Lun 20 Nov - 5:57 | |
| rever pour l'hiver...
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose Avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs, Ces monstruosités hargneuses, populace De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée… Un petit baiser, comme une folle araignée, Te courra par le cou...
Et tu me diras : "Cherche !", en inclinant la tête, - Et nous prendrons du temps à trouver cette bête - Qui voyage beaucoup...
Poésies. En wagon, le 7 octobre 1870. Arthur Rimbaud
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| | | Friandise plume des plumes...
Nombre de messages : 425 Age : 40 Localisation : Bientot à Bourganeuf...!!! Je suis mon étoile nommée Enguerran... Date d'inscription : 15/11/2006
| Sujet: Re: Le séquoïa... Lun 20 Nov - 6:00 | |
| Art poétique...
De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint.
C'est des beaux yeux derrière des voiles, C'est le grand jour tremblant de midi, C'est, par un ciel d'automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles !
Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor !
Fuis du plus loin la Pointe assassine, L'Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l'Azur, Et tout cet ail de basse cuisine !
Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d'énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?
O qui dira les torts de la Rime ? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ?
De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée Vers d'autres cieux à d'autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure Eparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym... Et tout le reste est littérature.
Paul Verlaine | |
| | | erikdejosselinière plume discrete
Nombre de messages : 18 Localisation : Autun Date d'inscription : 15/11/2006
| Sujet: Re: Le séquoïa... Dim 26 Nov - 11:35 | |
| Tout un programme, Chère Friandise, que ce dernier texte d'un des plus grand maître de la poésie française, et quelle leçon de poésie ! Il nous reste un bien long chemin à parcourir avant de pouvoir faire complètement sien ces conseils explicites!
Et beaucoup de modestie devant un tel génie!
Un petit texte bien différent que celui que je propose à la suite, très "facile" en apparence mais, là aussi, que de temps, de travail, de patience pour parvenir à un résultat si plaisamment "évident"...
PLEIN CIEL
Au milieu d'un nuage, Au-dessus de la mer, Un visage de femme Regarde l'étendue, Et les oiseaux-poissons Fréquentant ces parages Portent l'écume aux nues.
(Je connais cette femme Où l'ai-je déjà vue.)
Les chiens du ciel aboient Dans un lointain sans terres, Ce sont bêtes sans chair Qui ne connaissent pas Cette dame étrangère, Et donnent de la voix Avec leur âme austère.
(Elle a des yeux si noirs Que je les cherche en moi.)
Silence tout à coup. Visages dans les mains Vont les sphères célestes Qui retiennent leur souffle Pour que ce chant modeste Se fraye comme il faut Son chemin jusqu'en haut.
(Et voici qu'elle a pris Sa tête entre ses mains.)
C'est de Jules Supervielle, dans un beau recueil intitulé "Le Forçat innocent", un texte très onirique, étrange, surprenant, d'une élégance rare. Un grand moment d'espace! | |
| | | Friandise plume des plumes...
Nombre de messages : 425 Age : 40 Localisation : Bientot à Bourganeuf...!!! Je suis mon étoile nommée Enguerran... Date d'inscription : 15/11/2006
| Sujet: Re: Le séquoïa... Mar 27 Fév - 1:41 | |
| APRÈS L'HIVER
Tout revit, ma bien aimée ! Le ciel gris perd sa pâleur ; Quand la terre est embaumée, Le coeur de l'homme est meilleur.
En haut, d'où l'amour ruisselle, En bas, où meurt la douleur, La même immense étincelle Allume l'astre et la fleur.
L'hiver fuit, saison d'alarmes, Noir avril mystérieux Où l'âpre sève des larmes Coule, et du coeur monte aux yeux.
O douce désuétude De souffrir et de pleurer ! Veux-tu, dans la solitude, Nous mettre à nous adorer ?
La branche au soleil se dore Et penche, pour l'abriter, Ses boutons qui vont éclore Sur l'oiseau qui va chanter.
L'aurore où nous nous aimâmes Semble renaître à nos yeux ; Et mai sourit dans nos âmes Comme il sourit dans les cieux.
On entend rire, on voit luire Tous les êtres tour à tour, La nuit les astres bruire, Et les abeilles le jour.
Et partout nos regards lisent, Et, dans l'herbe et dans les nids, De petites voix nous disent : "Les aimants sont les bénis !"
L'air enivre ; tu reposes A mon cou tes bras vainqueurs. Sur les rosiers que de roses ! Que de soupirs dans nos coeurs !
Comme l'aube, tu me charmes ; Ta bouche et tes yeux chéris Ont, quand tu pleures, ses larmes, Et ses perles quand tu ris.
La nature, soeur jumelle D'Eve et d'Adam et du jour, Nous aime, nous berce et mêle Son mystère à notre amour.
Il Suffit que tu paraisses Pour que le ciel, t'adorant, Te contemple ; et, nos caresses, Toute l'ombre nous les rend !
Clartés et parfums nous-mêmes, Nous baignons nos coeurs heureux Dans les effluves suprêmes Des éléments amoureux.
Et, sans qu'un souci t'oppresse, Sans que ce soit mon tourment, J'ai l'étoile pour maîtresse ; Le soleil est ton amant ;
Et nous donnons notre fièvre Aux fleurs où nous appuyons Nos bouches, et notre lèvre Sent le baiser des rayons.
(Les contemplations)
VICTOR HUGO | |
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| Sujet: Re: Le séquoïa... | |
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